Dernier retour ?

Depuis quelques jours déjà, une mélancolie guidait mes pas. J'avais mis du temps à revenir sur les terres du Nekyomantéion, comme si je n'avais aucune envie d'y retourner. Mes derniers combats, mes dernières défaites, mes blessures, mes douleurs ... tout me faisait pensé que Hadès m'avait abandonné. Alors pourquoi continuer à le suivre ?

- Haaaaaaaaaaaaaaaa

Quel idiot, à peine avais-je penser ceci que le "masque de la honte", comme j'aimais à l'appeler, me faisait souffrir le martyre.

- Que ce passe t-il mon mignon ? Tu as mal ?

*Cette voix ... ne serait-ce pas ?*

- Tu veux que je te soigne amour ? Mes mains peuvent faire des miracles tu sais ...

- Sors de ta cachette Discordia, je sais bien que c'est toi.

Et là, en un instant, un mince éclair sombre fit apparaitre le corps galbé de la déesse de la discorde. Elle était toujours aussi belle. Aussi belle que démoniaque ...

- Tu n'es plus drôle amour. Tu me connais trop maintenant ...

- Que me veux-tu ?

- Oh moi rien. Juste il me semble que c'est toi qui veut quelque chose.

- Moi ? Je ne vois pas de quoi tu parle ?

- Vraiment ? Ne serait-ce pas toi qui aimerait perdre ce masque ? Qui aimerait pouvoir penser librement sans pour autant subir mille douleurs ?

- Je ... enfin ... oui

- Et bien dis le amour. Tu sais très bien que je suis prête à tout pour toi.

Je savais que Discordia était mauvaise, mais à chacun de ses mots je me sentais comme envoutait, comme attiré par elle. Comme si sa voix avait sur moi une emprise imperceptible qui me conduisait inexorablement sur le chemin qu'elle voulait me faire prendre.

Elle approcha ses mains de mon visage, et je n'esquissais même pas un seul geste pour l'en empêcher.

- Attention mon mignon, ça risque de faire un peu mal ... mais rassure toi, cela fait toujours ça la première fois ...

Ses mains posées sur mon masque, je sentais les fines aiguilles le composant me transpercer le visage. Cette douleur était la plus forte jamais encaissée, la plus forte jamais supportée. Mais bizarrement je ne criais pas, aucun son ne sortait de ma bouche. Discordia avait du me jeter un de ses sorts pour que j'évite d'alerter qui que ce soit par mes cris.

Quelques longues secondes plus tard, la déesse avait enlevé ce masque de mon visage. J'approchais les mains de celui-ci et, en les retirants, je vis sur elles une flopée de sang.

- Laisse moi te soigner mon ange, il n'y paraitra plus rien après.

Elle approcha une fois encore ses mains de mon visage, et là, je sentis une douce chaleur envelopper toute ma tête.

- Voilà qui est fait, le sang ne coule plus.

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas senti le vent frapper mes joues. Avant de porter ce masque, j'en portais un autre, largement moins douloureux, mais depuis très longtemps je n'avais été nu peau. Les yeux fermés, la tête virevoltant tout doucement, je profitais de ce moment de liberté quand un éclair de lucidité me traversa l'esprit :

- Que veux-tu Discordia ?

[FLASHBACK]

- Maudits spectres ... ils m'ont ridiculisés ... ils périront tous !

Dans une grotte au plus profond de la montagne Smolikas, au cœur de l'Epire, Discordia ruminait sa défaite. Autour d'elle, démons et mi-hommes étaient à genou à l'écouter se plaindre sur son sort. Elle brisait tout ce qui passé à sa portée. Un vase en terre cuite se fracassa sur le sol, la lance d'un de ses gardes qu'elle cassa en deux, et la nuque de se dit garde qu'elle brisa d'une main.

- Comment ont-ils pu me faire ça à moi ! Une déesse !

Furibarde, elle prit position sur son trône, fait de marbre noir et d'orichalque, et se mit à réfléchir.

Soudain, le pesant silence qui venait de s'installer dans la salle, fut briser par l'un des sujets de la démoniaque déesse :

- Si je puis me permettre votre grandiose et sérénissime altesse ...

- Quoi ? Parle avant que je ne te fasse exécuter.

- Cet homme, ce spectre qui vous a causé tant de mal. Il me semblerait qu'il soit apte à écouter vos douces paroles, Ô votre grandeur.

- Vas y continu, tu m'intéresse.

- Si vous arriviez à le rallier à votre cause, à user de vos charmes envers lui, il se pourrait que cet insignifiant humain soit un allié de choix et un traître parfait à son clan ... il a déjà gouté au parfum de la trahison lors de votre attaque.

- Mais c'est que tu va vraiment faire croire que tu sers à quelque chose toi, ajouta la déesse.

Discordia se mit à réfléchir longuement, et un nouveau silence tomba sur la pièce et son assemblée.

- Je vais partir sur l'heure pour l'observer longuement, me fondre dans son ombre et observer ses faits et gestes. D'ici quelques semaines je serais prête à mettre en œuvre un plan qui, si il ne place pas à mes côtés, le déstabilisera pour un bon moment. Que l'un d'entre vous aille à la rencontre de ma sœur Apaté, j'aurais peut-être un service à lui demander ...

Un éclair traversa le corps de la déesse et celle-ci disparu de la pièce, sans aucun doute partie "hanter" le spectre Vachaldo.

[FIN DE FLASHBACK]

- Que veux-tu Discordia ?

- Moi ?! Mais rien amour. Je voulais juste te rendre service.

- Tu es prêt mon choux ? Dis la déesse en tendant sa main en direction du spectre.

Vachaldo ne montra aucune résistance et "donna" sa main à Discordia.

Tous deux disparurent dans un éclair identique à celui qui avait vu l'apparition de Discordia, et il ne restait en ces lieux que le vent et la poussière que soulevait ce dernier.

Montagne Smolikas